Lettre à Harry
Oui tu t'es bien débrouillé. Oui ta cravate était impec. Oui l'AFP note tout de même un "trés léger bafouillage" avec le mot "sujet", mais pour eux c'est un "sans faute". J'attendais ça avec impatience; comme beaucoup de gens, - malheureusement. Quel fardeau cela a dû être pour toi que d'être le premier. Le premier d'une "catégorie".
Moi quand je te vois Harry, je vois un journaliste, et je l'avoue, je vois un bellâtre. Et je vois également un noir. Ils m'ont empêché de te voir sans arrières-pensées. Je me suis rendue compte à 19h55 que j'avais le trac pour toi. Comme si c'était la révolution, l'évènement du siècle: un noir au 20h!! Et puis, je m'en suis voulue d'avoir dérangé mes habitudes pour toi. Comme si je t'avais trahie.
Je peste de penser que ta venue a TF1 a été pensée, réfléchie, préparée comme un coup de vieux commercial de foire. Je leur en veux de leur cynisme. Mais je t'admire pour avoir su dépasser tout ça. Pour m'avoir fait oublier ton nom et ta couleur pendant le journal. Je suis heureuse pour toi. Et demain, c'est juré, je n'attendrai pas le 20h de TF1.